
Robert Renard
Biographie
Je décide à l’âge de 15 ans d’être peintre, bouleversé par les vitraux de Georges Rouault. Après quelques détours par le théâtre, j’entre aux Beaux-Arts de Paris comme élève libre, avant de devenir tailleur de pierre. Un métier que j’exerce pendant vingt ans. Au cours de cette période, comme Turner que j’admire, je me promène longuement dans les paysages avec ma boîte d’aquarelles.
En 1988, je fais une rencontre décisive. À Montpellier, le chorégraphe Dominique Bagouet m’invite à capter par des croquis le langage de la danse. C’est alors que la spontanéité de mon trait de pinceau aguerrie à capter les énergies de la nature rencontre celles du corps dansant. À l’encre de chine, je dessine le geste du danseur dans l’instant, créant ainsi un singulier langage graphique.
Je côtoie par la suite de nombreux et remarquables chorégraphes contemporains à travers l’Europe, et dessine des milliers de pages de croquis qui constituent une véritable mémoire de la danse. Un mode de saisie dans l’urgence que je décline par ailleurs en peinture, dans le silence de l’atelier. À l’huile, l’acrylique, la résine, le pigment, le charbon, je cristallise au travers de centaines d’œuvres une relation au corps dansant que je ne cesse d’approfondir sur une diversité de supports sans cesse renouvelés.
Au cours de multiples résidences de création, mon travail est exposé entre autres à Lille, Avignon, Munich, Berlin, Alexandrie. Depuis 2006, je vis et travaille en Provence, dans une proximité retrouvée avec la nature où je sculpte la pierre, le bois, le métal, l’argile.
Né en 1942
Formation
1962 Ecole des Beaux-Arts de Paris
Résidences
2006 Centre Culturel Français, Alexandrie (Egypte)
2001 Schaubühne, Sasha Waltz, Berlin (Allemagne)
2000 Ecomusée, Inverness (Canada)
1999 Ballet National de Nancy (Meurthe-et-Moselle)
1997 Théâtre de Wuppertal, Pina Bausch (Allemagne)
1996 CNDC, Carolyn Carlson, Angers, Hebbel Theater, Berlin (Allemagne)
1995 Biennale de la danse, Munich (Allemagne), Ballet Atlantique Régine Chopinot, La Rochelle
1995 Compagnie Hervé Diasnas, Le Maillon, Strasbourg
Principales expositions
2015 Chapelle du Grand Couvent, Cavaillon (Vaucluse)
2013 Galerie D N R, L’Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse)
2010 Salon Art Cité, Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne)
2006 Centre Culturel Français, Alexandrie (Egypte)
2005 Chapelle du Collège, Carpentras, Chapelle Saint-Blaise, Ménerbes (Vaucluse)
2002 Musée de la déportation, Bondues (Nord), Médiathèque Marguerite Yourcenar, Faches-Thumesnil (Nord), Galerie Pascal Lainé, Avignon (Vaucluse)
2001 Vidéo Graphes, Arsenal, Metz (Moselle)
2000 Sculptures, Inverness (Canada) Nus, Gordes (Vaucluse)
1999 Décor pour l’Opéra de Nancy (Meurthe-et-Moselle)
1998 Galerie Françoise Coré, Paris
1997 Mont-Saint-Aignan (Seine Maritime), Musée des Beaux-Arts, Tourcoing (Nord), Centre Européen de la Poésie, Avignon (Vaucluse)
1996 Hebbel Theater, Berlin (Allemagne), Cinquantenaire du Festival d’Avignon (Vaucluse)
1995 Biennale de la danse, Munich (Allemagne), Théâtre 18, Paris
1994 Les Hivernales de la danse, Avignon (Vaucluse), Le Vivat, Armentières (Nord)
1993 Opéra de Lille, Festival Danse à Lille (Nord)
1991 Grand Palais, Paris
Rue Vielle du Temple, Paris
1990 Saint-Péray (Drome), Los Angeles, (USA)
Œuvres dans collections privées et Caisse des Dépôts.
Presse

Entre l’expérimentation — soumettre le regard à la torture du geste inlassablement tendu vers sa forme-matière — et la grâce d’un achèvement possible, je vois une analogie entre danse et peinture. Quand se donnent à voir l’envol, la toupie des corps, leur énergie pulsée à la vitesse de la lumière, leur humilité et leur fatigue, le mot miracle me vient, mais un miracle continu comme la basse en musique.
Hors du fétichisme du signe, sans hystérie (le « baisez donc cette Sainte Croix »…) ça tient, allez donc savoir comment ! Hors champ, liberté est donnée au temps de l’autre, le premier spectateur du monde. Face à la paroi il n’est que de savoir attendre. « Je ne peins pas l’être, je peins le passage ». Un aurochs vous arrache des larmes, une main au pochoir sur la roche nue vous déprend de vous-même. L’ombre ou la proie des apparences. Capture, par la flèche de la pupille, de l’entre-deux images. Petite poupée, sexes, styx intimes, j’ouvre le ballet des voyelles désert-désir. La scène m’assigne une place au soleil pour la traversée des passes dangereuses.
« Je peins le mouvement de l’œil ». Esquisse ou grand format, la représentation fait choc, bloc, soc dans la tête du voyeur. Produire un récit optique là où il n’y a qu’éclats, fragments, battements de cils, césures, mutations. Plaidoyer pro domo. L’essentiel, bien sûr, est ailleurs. Mécanique de précision, le corps « travaille » sous la peau du monde, prend le pli. Angles d’attaque. Choisir de voir le dehors et le dedans, le labeur des muscles sous le voile, la labilité des chairs amoureuses. C’est bel et bon de boire des yeux la fugue des vivants.
« Ce que je n’ai pas dessiné, je ne l’ai pas vu ». En effet, Robert Renard, c’est un rythme, exactement une ligne de vie.
Jean-Albert Ducreu, directeur du service culturel de l’Université de Lille II, 2001